Mes premiers voyages sur quatre roues se sont déroulés comme beaucoup d'enfants dans un landau confortable, équipé de belles roues à rayon.
Je me souviens l'avoir revu longtemps, bien protégé sous un drap en attendant de servir pour une petite soeur qui naquit deux ans après moi. De toutes façons, j'ai surtout en mémoire la poussette qui lui succéda bien vite, la version sans hard top, je crois, car en cas de pluie on me glissait aussitôt un imperméable.
Ces premières années d'enfance heureuse passées, la guerre arriva et je me rappelle malgré mon jeune âge, avoir vu se dérouler un acte odieux de réquisition qui me marqua beaucoup.
Il concernait l'Amilcar de mon père, belle petite voiture deux places qui fut chargée sans ménagement sur le plateau d'un camion parce que, je l'ai su plus tard, elle avait des organes constitués de métaux collectés alors pour fabriquer des obus.
Je possède toujours une photo de cette malchanceuse figurant avec ses roues à rayon.
Mon père avait également un cabriolet Peugeot 177M de 1927 qui faillit suivre le même chemin, mais après examen, il fut sans doute jugé moins intéressant et ne convint pas à ces destructeurs.
Signé : François, P.